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Éducation & Écran : Rencontre avec Valérie Estienne, présidente de l’APEL

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Déconfinement, numérique et challenges parentaux

Rencontre avec Valérie Estienne, présidente de l’APEL (Association des parents d’élèves de l’enseignement libre) pour le diocèse de Marseille.

Avec sa triple casquette d’enseignante, de mère d’une jeune fille en terminale (et d’un aîné en classe préparatoire) et de représentante de parents d’élèves, Valérie Estienne nous explique comment, à trois niveaux, le confinement/déconfinement a pu être vécu. Et nous livre une analyse de l’éducation aujourd’hui, dans sa forme concrète, notamment sur la question des écrans. Rencontre.

Quelles remontées avez-vous eues des parents d’élèves par rapport à la phase du confinement ?

Il a été compliqué pour eux, notamment pour ceux en télétravail, d’assurer à la fois leur activité professionnelle et l’enseignement des enfants. Cela faisait vraiment deux journées en une, selon leurs termes. De plus, l’accompagnement au niveau de la continuité pédagogique a été très variable, selon les établissements et les familles. Même si, de manière générale, cela a été suivi par les enseignants.

Quel a été le rôle de l’APEL pendant le confinement ?

La direction diocésaine de Marseille nous a fait parvenir des tablettes et d’autres outils pour les enfants. La spécificité à Marseille est que nous sommes assez attachés aux élèves à besoins éducatifs particuliers (ou BEP, incluant les troubles de l’apprentissage comme la dyslexie, la dyspraxie, l’hyperactivité). Nous avons donc relayé, avec nos newsletters, des outils pour aider les parents.

Comment s’est matérialisée cette action ?

On a relayé des informations pour faire apprendre des récitations avec des élèves souffrant d’hyperactivité, sous forme de comptines, par exemple, on a transmis des outils pour la graphie à destination de ceux qui avaient des problèmes de dyslexie… Du côté des grands, comme la saisie des vœux pour Parcoursup s’est déroulée pendant cette période, on a été aux côtés des parents, avec le rappel des dates butoirs, des conseils pour les lettres de motivation…

Au niveau national, notamment par sa chaîne YouTube, l’APEL promeut l’éducation positive (qui est l’un des piliers de 4teens). C’est quelque chose que vous avez préconisé ?

Il fallait rassurer tout le monde durant cette période, et la démarche de pédagogie positive est quelque chose de rassurant, aussi bien pour les élèves que pour les parents. Nous nous sommes axés, à l’échelle locale, sur des conseils technico-pratiques, des choses à appliquer telles quelles, plutôt que sur des remises en question de l’éducation.

Comme enseignante, comment avez-vous eu à gérer l’enseignement à distance ?

Je me suis aperçu que mes élèves, qui sont basés dans les quartiers nord de Marseille, n’ont pas forcément Word ou de quoi lire un PDF. J’ai donc utilisé un outil de diaporama interactif, nous avons réalisé des tutoriels pour leur expliquer le cloud, ÉcoleDirecte, etc.

Malgré l’essor du numérique, il y a un manque d’informatisation chez les plus jeunes ?

Oui, il faudrait revoir l’accessibilité des outils numériques, mais on a tort de croire qu’étant baignés dans la technologie ils savent utiliser complètement le digital. En réalité, ils manipulent des applications spécifiques comme WhatsApp ou Snapchat, mais je pense qu’ils ne savent pas forcément rédiger un mail ou utiliser Word. Ce genre d’apprentissage mériterait des cours dédiés, pour l’insertion professionnelle.

Leur temps d’écran a aussi augmenté pendant cette période…

En tant qu’enseignante, j’ai veillé à donner des travaux pratiques à mes élèves qui les sortaient des vidéos et des diaporamas interactifs. Cela leur permettait d’une certaine manière de retourner dans la « vraie vie ». Le problème que révèle un peu plus ce confinement, c’est qu’on a du mal à distinguer, lorsqu’un ado utilise son smartphone, si c’est pour travailler ou pour autre chose. Or, les adolescents peuvent être addicts à cela, et il devient hors de question de toucher ou de confisquer leurs smartphones, par exemple.

4teens couple la solution de calendrier numérique et de contrôle parental à une démarche d’éducation positive. Comment vous voyez la chose ?

Il me semble que c’est une éducation à faire assez jeune. Souvent on dit qu’il ne faut pas de smartphone avant tel ou tel âge. Concrètement, les enfants en reçoivent souvent un à l’entrée au collège. Je pense qu’il est pertinent qu’ils aient un smartphone quand l’autorité parentale est encore bien assise et que l’on peut guider son utilisation. Ce n’est pas un outil dont il faut avoir peur, il faut juste apprendre à la maîtriser. Comme on apprend à des enfants à ne pas mettre les doigts dans la prise sans pour autant leur interdire d’utiliser l’électricité, il faut montrer les risques du smartphone par rapport à ce qu’il dégage en matière de lumière, aux informations que l’on peut y trouver, et aux réseaux sociaux. En tant que présidente d’association, je constate que les trois quarts des conseils de discipline germent au sein d’un réseau social, parce que l’élève ne va pas se rendre compte qu’en face il y a une personne réelle, et les choses vont ensuite dégénérer. Il faut donc apprendre, assez jeune : c’est la même chose que l’œnologie, finalement, apprécier la qualité des outils numériques ou d’un vin, plutôt que de rechercher l’ivresse.

L’approche de 4teens vous paraît répondre à cet enjeu ?

Oui, c’est une approche cohérente. Cela peut apprendre aux enfants à gérer leur temps. C’est comme pour apprendre à faire ses courses, 4teens laisse ouverts certains rayons de manière à ce que l’on comprenne mieux comment gérer. Et l’on peut en parallèle leur expliquer ce qu’est un réseau social, montrer qu’il ne faut pas en abuser ou passer tout son temps dessus, en prenant un peu de distance. 4teens remet une temporalité qui sert l’éducation, au final.

Quel conseil donneriez-vous pour cet été, en matière d’activité ?

Je peux vous dire que les parents ne sont pas en demande d’activités scolaires pour cet été. Les adultes ont besoin de souffler, pour deux raisons : le télétravail ou la surcharge d’activités, voire la surcharge mentale en gérant le professionnel et le familial d’une part, d’autre part la période anxiogène que l’on traverse au niveau économique. Il faut donc enlever la pression sur les adultes, pour que l’on retrouve un peu de sérénité, donc un été au calme me semble la meilleure solution.